Le « … et en même temps… » du dirigeant

Il a été souvent reproché à Emmanuel Macron pendant sa campagne, son expression favorite «… et en même temps… ». Comme si elle signifiait une incapacité à faire des choix ou une volonté de ne déplaire à personne.

Au Campus des Dirigeants, nous comprenons parfaitement l’usage de cette expression, puisque la fonction de dirigeant, par nature, consiste à gérer des dilemmes. On peut dire aussi des paradoxes.

Gilles Pélisson, PDG du Groupe TF1, présentait d’ailleurs la semaine dernière au Campus des Dirigeants ceux qui lui semblent constituer les 3 principaux dilemnes dans l’exercice de son métier de dirigeant :

  • passer du temps au siège et/ou sur le terrain
  • passer du temps en interne et/ou en externe
  • structurer son agenda et/ou rester disponible

On peut allonger à l’infini la liste de ces dilemmes pour le dirigeant :

  • Préparer le Long Terme / Assurer la rentabilité Court-Terme
  • Rêver à demain / être dans la réalité d’aujourd’hui
  • Assurer la croissance / consolider les acquis
  • Garder le cap / s’adapter (agilité)
  • Créer de la valeur pour les acteurs internes (actionnaires, salariés) / créer de la valeur pour les acteurs externes (clients, fournisseurs, société civile,…)
  • Embaucher les meilleurs / contenir la masse salariale
  • Etre humain / être rigoureux
  • Développer une culture commune / valoriser la diversité des collaborateurs
  • Favoriser le collectif / valoriser les talents individuels
  • Développer la coopération / Préserver ses avantages concurrentiels
  • Etre pleinement responsable / faire confiance
  • Ménager des moments de solitude / prévenir l’isolement

Comment alors vivre efficacement et sereinement tous ces dilemnes ?

Le dirigeant doit d’abord les accepter comme étant inhérents à l’exercice de son métier de dirigeant.

Il doit comprendre qu’il ne s’agit pas en général de trancher entre deux options. Les dilemmes sont des opportunités pour mettre l’entreprise en tension positive, pour stimuler la créativité, pour mieux conjuguer les ressources et in fine, ils invitent à être plus malin pour faire la différence avec la concurrence. C’est sans doute cela qui fait aussi l’intérêt de son métier.

Le dirigeant doit donc rappeler à lui-même et rappeler toujours à ses collaborateurs que les 2 versants d’un dilemmes sont également impératifs. Et comme la ligne est difficile, le dirigeant peut revendiquer le droit à l’inconstance. C’est une manière, comme l’indique la Harvard Business Review (édition française de juin-juillet 2017) « d’embrasser le changement, plutôt que la stabilité. D’un point de vue pratique, ceci implique de cultiver les aspects stratégiques antagonistes tout en trouvant le moyen de les conjuguer ». 

Pour revenir à la politique, les dilemmes commencent quand on passe de militant à dirigeant.

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