Le métier de dirigeant, comme toute activité qui engage, expose à la critique. Celle-ci peut avoir plusieurs origines : proches collaborateurs, actionnaires, administrateurs, clients, partenaires…
Face à la critique, le dirigeant a deux écueils à éviter.
Le premier est d’y accorder un crédit démesuré. Par exemple, en considérant la critique comme vérité au lieu de la considérer comme une opinion donnée à un instant t par une personne ou un groupe de personnes, dans un contexte donné. Une telle perméabilité blesse celui qui reçoit la critique et entame la relation avec son émetteur.
Le second écueil est, à l’opposé, d’être hermétique à la critique, de ne pas vouloir l’entendre, de ne pas la recevoir sous prétexte qu’elle est désagréable ou qu’elle fait mal. Le risque est de s’isoler.
Céline, CEO d’une entreprise de logistique, a su éviter ces deux écueils le jour où le président du conseil d’administration lui a affirmé : « Tu t’y es mal prise dans la gestion de ce projet d’acquisition ».
Cette phrase a d’abord fait à Céline l’effet d’un coup dans l’estomac. Mais Céline a su activer ce que nous appelons sa « membrane magique ». Celle-ci lui sert de filtre, laissant passer le message utile, mais bloquant le piquant.
Le message accueilli par Céline est : « Mon président pense que je ne m’y suis pas prise au mieux dans la gestion de ce projet d’acquisition. Il s’y serait pris d’une autre façon ».
Le piquant que le filtre bloque est : « Mon président me juge incompétente ».
Le « bon » qui a traversé sa membrane magique conduit Céline à un recueil d’informations auprès de son président : « qu’est-ce que je n’ai pas bien fait en particulier ? Comment t’y serais -tu pris à ma place ? ».
Si Céline s’était laissé blesser, elle aurait couru le risque de se replier sur elle-même, de perdre confiance en elle ou de surenchérir dans la confrontation. En se protégeant avec la membrane magique, Céline gagne une occasion de progresser et renforce sa relation avec son président.
LA MEMBRANE MAGIQUE : Imperméable à l’offense et perméable à l’information.
Nous pouvons apprendre à interagir et gérer nos pensées de manière à nous sentir capable de dire à chacun de nos interlocuteurs : « tu n’as pas le pouvoir de me blesser ». Le penser et l’exprimer n’est pas à prendre comme un signe de supériorité morale qui diminuerait l’autre, mais plutôt comme celui de l’entière responsabilité que nous prenons dans la relation avec les autres. Cela nous amène à développer notre niveau de conscience, de présence et à nous concentrer sur notre zone d’influence.