L’impatience est constitutive de la condition d’entrepreneur.
Entreprendre, c’est renoncer à quelque chose aujourd’hui dans la perspective d’un futur plus désirable. Alors, plus vite ce futur se rapproche, plus les résultats deviennent tangibles et concrets, et moins le sacrifice semble pesant.
L’impatience se révèle être un moteur formidable : elle aide à se lever avec ardeur le matin, incite à prendre des décisions et à impulser des actions concrètes. Elle stimule également la créativité, lorsqu’il s’agit de sauter ou de contourner les obstacles qui se dressent sur le chemin.
Cependant, cette impatience de l’entrepreneur peut aussi générer des frustrations et un inconfort difficile à vivre lorsque les projets n’avancent pas comme espéré. Elle peut entraîner des décisions précipitées – parfois fatales – et induire un stress structurel au sein des équipes, avec des conséquences lourdes, telles que des départs dommageables de collaborateurs.
Dès lors, comment accueillir cette impatience tout en vivant avec elle de manière ajustée ? Voici 6 pistes à explorer.
1. Placer son impatience face aux vrais enjeux
L’entrepreneur doit d’abord reconnaître d’où vient son impatience.
Il existe des raisons légitimes, comme la réalité d’un plan de financement construit sur des objectifs et des délais précis, ou la nécessité d’agir rapidement pour s’imposer sur un marché fortement concurrentiel.
Toutefois, il peut également y avoir des raisons plus personnelles qui engendrent des injonctions. Mal gérées, celles-ci peuvent mener à une forme de tyrannie envers soi-même et envers ceux qui nous entourent : la volonté de prouver à soi-même et aux autres ses capacités, une peur exagérée de l’échec, ou un manque de confiance en soi.
Identifier ces raisons est une première étape pour contrôler et calibrer son impatience.
2. Naviguer entre le long terme et le court terme
La construction d’une entreprise est un processus qui prend du temps. L’entrepreneur, surtout lorsqu’il est accaparé par l’opérationnel, doit régulièrement lever la tête pour se reconnecter à ses objectifs à long terme. Cela peut l’aider à relativiser certaines situations. De plus, se retourner régulièrement sur le chemin parcouru – que ce soit sur six mois ou un an – peut se révéler rassurant et fournir une perspective précieuse sur les progrès réalisés.
3. Définir des jalons réalistes
Il est crucial de fixer des objectifs intermédiaires mesurables et atteignables. Cela permet de célébrer les petites victoires, de renforcer la confiance en soi et de rendre le chemin vers le succès moins intimidant. En établissant ces jalons, l’entrepreneur peut également mieux gérer son impatience en se concentrant sur des résultats à court terme tout en gardant en vue ses ambitions à long terme.
4. Accepter par principe les cycles de vie de l’entreprise
Le parcours entrepreneurial n’est pas linéaire. Il est souvent jalonné de phases d’accélération et de ralentissement. Certaines étapes, comme le développement de produits ou la recherche de financement, prennent du temps. Reconnaître et accepter cette réalité à l’avance aide à modérer l’impatience et à mieux gérer les attentes.
5. Apprendre à gérer ses émotions
Les émotions telles que la frustration, l’anxiété et l’impuissance peuvent être à la fois des causes et des conséquences de l’impatience.
Des émotions mal gérées peuvent engendrer des comportements inadaptés chez l’entrepreneur, entraînant des décisions préjudiciables ou des relations tendues avec les collaborateurs.
Heureusement, la gestion des émotions s’apprend. Piloter son impatience et le cortège d’émotions qui l’accompagnent passe par un travail sur soi. Le coaching, la formation en leadership et la méditation peuvent aider à rester centré et à cultiver sa patience.
6. Lutter contre l’isolement
Être entouré de personnes expérimentées, bénéficier de l’accompagnement de mentors et encore mettre en œuvre des instances de gouvernance sont d’excellentes manières de prendre du recul. Cela permet de fiabiliser la prise de décision et d’ajuster le tempo des projets et du développement, contribuant ainsi à réguler l’impatience de l’entrepreneur.
Il ne s’agit pas pour l’entrepreneur de renoncer à son impatience, mais de la piloter.
Comprendre et contenir son impatience revient à adopter une vision équilibrée entre ambition et réalité, tout en développant une discipline émotionnelle. Cela permet de prendre des décisions éclairées, d’éviter les pièges du court terme, de bâtir un succès durable et, finalement, de vivre plus sereinement.
En cultivant cette approche, l’entrepreneur peut faire de son impatience un atout puissant, propice à l’innovation et à la réussite.