Est-ce le moment ? Comment s’y prendre ?
Les pratiques montrent que la mise en place d’une instance dans laquelle toutes les fonctions de l’entreprise sont représentées s’impose assez vite dans les entreprises qui se préoccupent de leur pérennité et de leur croissance.
A partir d’un certain stade de développement, l’entrepreneur ressent le besoin de structurer le partage d’informations et le processus de prise de décisions lorsque celles-ci impliquent ou concernent toutes les activités de l’entreprise.
Et en même temps, certains entrepreneurs et dirigeants tardent à constituer un CODIR pour plusieurs raisons :
- il leur semble que le CODIR est réservé à des entreprises d’une certaine taille déjà conséquente
- ils ne voient pas très bien ce qu’un CODIR peut leur apporter (à eux-mêmes et à l’entreprise)
- ils sont réticents à développer la collégialité dans la prise de décision
- ils se posent des questions sur la composition du CODIR et son mode d’animation, redoutant en particulier une perte de temps en réunion.
On ne met pas en place un CODIR parce qu’on est une grosse entreprise.
On a intérêt à fonctionner en CODIR si l’on veut développer l’entreprise. Mais à plusieurs conditions :
- communiquer clairement la mission du CODIR : « Piloter la stratégie et sa mise en œuvre ».
- composer le CODIR en veillant à ce que toutes les activités de l’entreprise soient – directement ou indirectement – représentées
- clarifier les comportements et postures attendues de la part des membres du CODIR
- définir et respecter des règles pour la préparation des réunions, la prise de décision, le suivi des actions, l’évaluation régulière du fonctionnement du CODIR,…
- respecter les prérogatives du CODIR / ne pas créer des circuits de décision parallèle
- adopter en tant que dirigeant des comportements qui favorisent l’expression de chacun, la confrontation des idées, l’émergence de vrais consensus chaque fois que cela est possible et – dans le cas contraire – réaliser de vrais arbitrages.
Tout cela produit :
- des décisions plus robustes
- une mise en œuvre plus sûre et plus assurée parce que les principaux acteurs ont été impliqués dans la décision
- plus de cohésion et d’énergie quand la dynamique de groupe est bonne
- plus de croissance
- plus d’appui, de sérénité et de confiance pour le dirigeant.
Quelles difficultés rencontrent spécifiquement les entrepreneurs pour constituer et animer un CODIR en création /primo-développement ? Comment les prévenir ?
- Les 1ers collaborateurs de l’entrepreneur, ceux de la première heure, ne resteront pas forcément tous dans le premier cercle quand l’entreprise se développera. Par exemple, si la présence du comptable est utile au démarrage du CODIR , il n’en sera pas de même lorsqu’on aura recruté un DAF. Devoir céder sa place au CODIR est souvent douloureux et démotivant…
Voici 3 idées pour prévenir / adoucir ces difficultés :
- évoquer clairement cette éventualité dès le début avec les intéressés
- distinguer des membres permanents et des membres invités (selon les sujets)
- donner un « mandat » à durée déterminée aux membres du CODIR, (voire au CODIR en tant que tel) en expliquant que les besoins de l’entreprise vont évoluer en fonction de ses stades successifs.
- Quand on cumule sur 3 « têtes » au sein du CODIR les fonctions de DG, Directeur Commercial, Directeur de production, DAF, DSI, DRH,…le risque est grand que certaines fonctions soient moins bien traitées. Ce risque implique une grande discipline pour que les ODJ, les temps de parole et décisions prennent en compte toutes les activités de l’entreprise.
- Il existe un écueil dans les situations d’entrepreneurs associés : mélanger les genres entre le CODIR et le comité d’associés/ conseil d’administration. Les problématiques et décisions qui relèvent de l’actionnaire doivent être traitées à part. En effet, les intérêts de l’entreprise et les intérêts de l’actionnaire ne sont pas systématiquement alignés. On respecte mieux et les uns et les autres, en les abordant séparément. C’est d’ailleurs aussi respecter les collaborateurs.
Le CODIR est un levier de croissance pour l’entreprise. Il participe fortement à la structuration de l’organisation. Il favorise la cohésion et l’implication autour du projet. Il permet au dirigeant de s’appuyer plus fortement sur ses proches équipiers, de se dégager progressivement de l’opérationnel et de se consacrer plus pleinement à sa propre mission.
Dans une entreprise en croissance rapide, tout est mouvant, y compris le CODIR. Ce n’est pas une bonne idée d’attendre la stabilité pour mettre celui-ci en place. La stabilité risquerait d’arriver beaucoup plus tôt que souhaité !