Deux écueils majeurs guettent le dirigeant d’entreprise en croissance. Le premier c’est d’être un jour dépassé dans sa mission de dirigeant alors qu’une force inéluctable pousse l’entreprise dans son développement. Le second, beaucoup plus fréquent, c’est de devenir lui-même la limite du développement de l’entreprise.
Si par nature, la mission du dirigeant est intangible, elle est à géométrie variable dans son mode d’exercice, en fonction du stade de développement de l’entreprise. Le créateur passe de «je fais tout» à «je fais tout…sauf ce que je délègue à mes premiers collaborateurs». Puis il doit passer un jour à «Je fais rien…sauf mon métier de dirigeant».
Ceci est un véritable challenge, pour deux raisons principales :
Lorsque l’entreprise n’est pas assez développée pour être staffée, le dirigeant est aussi, bien souvent, directeur commercial, DRH, DAF,…Ce qui gouverne son agenda, ce sont ces fonctions opérationnelles qui s’inscrivent dans le temps court. La fonction la plus naturellement négligée dans l’agenda, c’est celle de DG. Le temps consacré à l’exploitation prend le pas sur l’exploration, l’anticipation, la prise de recul. La gestion du quotidien prime sur le pilotage des projets d’avenir. La croissance s’amenuise jusqu’à peut-être s’éteindre.
Autre raison, le créateur trouve souvent satisfaction dans le «faire». D’ailleurs, il y a été contraint au début de la vie de l’entreprise. Le dirigeant qui recrute et n’arrive pas à lâcher les opérations, soit par goût, soit par manque de confiance, va induire par son comportement une organisation dans laquelle ses collaborateurs ne sont pas in fine responsables. Progressivement, il va devenir un goulot d’étranglement pour les décisions, limiter le développement de ses collaborateurs donc celui de l’entreprise.
Voici quelques recommandations pour cheminer progressivement vers l’état «faire rien sauf son métier de dirigeant»:
Piloter une entreprise en croissance nécessite de la part du dirigeant beaucoup d’intelligence situationnelle, de remise en question de ses postures, de ses manières d’agir, d’allouer sa ressource «temps». On entend souvent dire que le dirigeant doit être exemplaire. C’est sûrement dans sa capacité à évoluer qu’il doit l’être, bien plus que dans le fait d’être le premier arrivé au bureau!